dimanche 25 septembre 2011

J'y reviens toujours, pourquoi?

On ne se défait pas des responsabilités de son propre deuil. Quel que soit le salaire du fossoyeur(même à la mode, depuis 6 feet under), il ne s'agit pas seulement "que le sale boulot soit fait", l'intérêt est de le faire soi-même. A moins de dire qu'on n'aime pas ce mort. A moins de dire que quelques moments d'inconfort ne valent pas des adieux. A Dieu. C't'enfoiré qui a des subalternes. Nous qui n'en avons pas, qui n'en voulons pas quand nous enterrons notre mère.

Oui mais pourquoi toujours revenir à ça?

Parce que c'est la mort(e) la plus proche. La mort de papa. La mort du deuxième papa. La mort d'une soeur, d'un frère, d'un ami. La mort de maman, oui. Putain. (Réfléchis bien à cet enchaînement de phrases, novice de merde: "La mort de maman, oui. Putain", et ne viens pas me faire chier à poser des questions si tu n'as pas tes propres débuts de réponses à la con avec lesquels je me torcherai).Il n'y aura jamais dans ce monde plus de personnes vivantes que j'aime qu'aujourd'hui. Est-ce pour cela que vous faites des enfants? "Bricks in the wall"? C'est pour ça que j'aurais fait des enfants. J'ai envie d'avoir une fille. Elle serait amoureuse de moi. Je serais amoureux d'elle. Et nous aimerions la vie. Le souvenir de certaines personnes m'aide à vivre. Que ces personnes soient aujourd'hui décédées n'est qu'un aléas de la condition humaine. Si mon grand-père était un baobab ou une tortue il serait encore en vie. Mais un baobab ne donne pas de conseils, même mauvais. Un baobab, malgré sa taille, a moins de présence humaine que mon grand-père. Mon grand-père est dans ma t^te. Même sa persistante odeur de vieux pas lavé, et son portrait sur le mur d'une ancienne maison. Et puis surtout les baobabs je les emmerde, les baobabs ne pleurent pas le 29 mars. J'ai intégré comme élément constitutif de ma "personnalité" (flemme de chercher des termes "scientifiques") le rituel d'être bourré le 29 mars, et de verser une lampée au ancêtres à chaque bouteille en souvenir du 29 mars. Fût-ce en souvenir du 29 mars 1947 ou du 29 mars de l'année dernière. C'est ça une tradition: ça se renouvelle. J'ai le droit de célébrer ma cuite du 29 mars de l'année dernière si j'veux, ouais, enfoiré, je suis libre. Je réinvente les commémorations, je suis Commemoration Man, d'ailleurs aujourd'hui j'ai décidé que c'était mon anniversaire. Aboule le cadeau.

Bref.

Piazza, Kiri tondu, rasé, déodorisé, repassé, sourire facile. Je suis un fucking fly butterfly qui browse entre les fleurs de conversations de shopping et de destinations de vacances. J'ai un verre dans la main, Dieu et ma femme savent que ce n'est pas le premier. Dieu et ma femme savent que le danger rôde. Mais c'est un petit danger, juste un parfum de scandale, non même pas, à peine une eau de toilette de scandale, huhu, t'as compris? Hihi.

Piazza seulement deux personnes comprennent mes blagues, je souris mais la haine pointe, non c'est juste la solitude. Des gens qui ne savent ni parler ni écrire, des gens qui savent à peine penser, dépensent mon temps perdu (perdu ici ou ailleurs de toutes façons). Discutent comme des pauses publicitaires au milieu de leur propre téléréalité dont ils croient être les réalisateurs, c'est ce qu'ils appellent "la vie". Me parlent avec des métaphores à la con que même le Reader's Digest a recalées, c'est pas grave le Reader's Digest, mais ça a aussi peu d'importance que la Bible et ton pasteur. Tu comprends? Je sais déjà que tu ne raconteras pas ce qui te touches, parce que, dis-tu, c'est impoli. Oui, c'est impoli quand on raconte aussi mal. Mais c'est impoli aussi de raconter son dernier barbeuque ou sa nouvelle voiture quand on raconte aussi mal. Yawn tes jantes, putain keske t bête ça me soûle, elle est où ma bouteille? Dans mon cul? Ah ouais, tiens, bien vu, merci.

Kiri, mon KiKiRikiki (palooooooooooooma!), tu le sais, la piazza se fout de la mort. Là il y a des lumières. Il y a des odeurs de soleil et des bronzages juvéniles. Des muscles saillants et enivrés pour la bagarre virile et/ou camionneuse, rrrr, à la Bataille comme Georges, des bandes de jeunes, des apéros FB.

Kiri répond: je m'en fous, moi je veux la moooooooooooooort, aaaaaaaaaaaaaargh! N'oubliez pas mes morts que j'aiiiiime de la force de toutes mes réincarnations!

Bon, après il oublie et il danse.

Je danse à réveiller les morts, rituel vaudou d'un puissant magnétisme enveloppe de... Heu... Maquillé de disco pour ne pas effaroucher les jeunes vierges (les vielles vierges je les laisse à mes cousins)! Ouais, c'est bon, ça! Tout d'un coup John Travolta Kirikou s'arrête! La musique interloquéee s'arrête avec lui, inquiète... Le poète maudit Kirikou, dans sa transe dansée a vu les esprits dans la boule à facettes!... Là, dans un reflet sur le dance-floor, son grand-père en forme de jeu de lumière le toise comme Charlton Heston dans un peplum. Et se met à danser le disco.

Yeah, papy... On and on...