jeudi 30 décembre 2010

L'homme.

Il a lu le poème "If" et il a dit: c'est nul avec des ifs on parlerait de Monte-Cristo en pique-niquant à l'ombre pendant que Monte-Cristo s'occuperait du "when" car l'homme connaît son destin, qu'il plie, non pas comme un origami pour plaire dans les salons, mais comme une armature à béton et des traverses de chemin de fer qui nous mènent où nous voulont, quand nous voulons vraiment. J'ai des chaussures de sécurité. Pointure 52.

L'homme, pourtant, ne parle pas. Quand on tire on ne raconte pas sa vie. Il ne raconte qu'au repos du guerrier, aux petits chaperons rouges, sacs Vuitton deuxième main qui s'encanaillent, qui lègueront à leurs journaux intimes le souvenir des récifs, sinon la conclusion que "Fumer peut nuire à l'érection, contrairement au tennis, j'ai trompé mon mari je ne regrette rien mais j'ai compris pourquoi je l'aime et qui je suis et je partage ce serment secret avec moi-même seule parce que j'ai plus d'estime de moi-même que ces autres femelles des courriers de lectrices".

L'homme du haut de la vérité génétique de ses talons plats, de ce débit saccadé des taiseux qui offrent chaque mot comme un pedaso de l'alma que se arrance sin pieda, te parlera de l'ingratitude des femmes, des froufrous dans leurs yeux, qui les distraient de la valeur cachée du guerrier. Du chevalier désargenté. Des lunettes de Clark Kent. Des roses qui sont allé voir et qu'on n'a plus revues, pauvres folles attirées par les promesses des vieux. Des sorcières qui l'ont consolé et qui ont fait de lui, encore plus, un homme, un vrai, de ceux qui connaissent les démons par leurs prénoms. Et pendant qu'il parlera, d'autres hommes auront pitié de lui et vous mépriseront, toi la femme qui écoute cet homme faible. Plus tard ils lui parlerontavec bienveillance, lui rappelleront le Code. Souviens-toi du Code, frère des loups, père agriculteur des écrivains, compagnon d'armes nous conquîmes les courtisanes comme terres brûlées, comme la jeunesse saignée au labeur et à l'idiotie, tu es un dos et des bras et des reins, salud! Dieux du petit stade du village, le vestiaire qui sent les trois 8 à Riooooooo, Rioooooooo Baril. L'exotisme ordinaire d'une cuite habituelle, la sensibilité des excuses ou la fierté du jusqu'au-boutisme mitoyen, bordel, je lui raserai ses haies je le jure, parole d'homme.

Lounge.

Je me suis habillé de savants calculs, encore une fois. Ni trop ceci, ni trop pas-assez-ça. Loin du binaire US de se demander quelle boisson est gay et laquelle ne l'est pas, je pèse les implications respectives d'un cageot de bières ou de quelques sips d'un long drink coloré sur mon image, et la conversation que je devrai maintenir pour flouter ou, au contraire, exagérer cette image, en fonction du potentiel de mon interlocuteur à prendre place dans mon dîner de cons personnel.

J'y arrive encore parfois, à faire bonne figure, à jouer aux marionnettes. Pourtant tous les artistes vous le diront: rien ne vaut le live. Je suis un artiste, et je pars en live. Je suis le clown blanc de cette auguste vie, mais le clown en a ras le cul. Je veux foutre des tartes sans crème dans la gueule de ces enfants, gâtés ou non. Alors je souris à leurs inanités, et je reprends une bière en montrant mes tatouages par inadvertance, tout en parlant de courts-métrages polonais expérimentaux que je suis en train d'inventer. La fille s'en fout, elle veut me raconter son aérobic, l'ennui de ses 10 ans de mariage, et qu'on échange nos numéros de téléphone. Je crois que je suis trop raffiné pour cette vie. Quelle plaie.

La Mala Vida.

Quelques bières sur le comptoir manifestaient la pénibilité du travail. VIP des bas-fonds j'ai ma place réservée au plus pouilleux des trois bars, où je bois, debout, en attendant que mes copines de soûlerie reviennent de leurs passes. Ces filles qui m'ont déjà giflé et griffé un soir où nous avons tous trop bu, où je leur demandais des nouvelles de la scolarité de leurs enfants en répétant méchamment : "On baise?" Mais ce soir elles me protègent des autres filles, comme on protège un ami ou un investissement. Les autres filles me prennent pour un client. Les autres filles essaient de réveiller ce qu'elles croient être de la testostérone, qui n'est chez moi qu'une pulsion de Déluge, la propreté de la désolation. Pour canaliser le Déluge je chantonne "I'll make it rain on you ho's". Faire tomber en pluie fine les nuages dissipés, puisque nous avons tous un ciel, qui se charge en même temps que nos alcoolémies pendant que nous dansons. Soûl comme au premier jour je suis à genoux sur la piste sur des grosses basses nègres. Je ne suis pas un vieux blanc venu cueillir la vraie vie entre les cuisses d'une sauvage longtemps méritée, ha les acquis sociaux, mon colon. Je ne suis pas un jeune provincial qui se croit arrivé en Jamaïque depuis qu'il a son premier 4x4 avec lecteur DVD. Les surnageants de la dernière pluie (de balles). Tous unis par le coupé-décalé. Séparés par le g-funk dans ma tête, le béton, le froid. Je suis né riche. J'ai grandi. Et je danse pour appeler la pluie.

Des haricots, de la graisse et des abats, cuits pendant des heures. Tu ne manges pas, ce n'est pas une surprise. La bouteille de mauvais rhum que je n'arrive pas à boire s'efforce de conjurer ma jeunesse, non pas envolée mais vautrée dans le caniveau. La jeunesse ne s'envole pas, elle se noie dans son vomi. Tu pars te promener dans le parking glauque, peut-être pour trouver dans le silence bienveillant de la lune quelque reste oublié de poésie. Incapable peut-être de voir ce que Bacon ou Kandinsky auraient pu peindre de ce qui se passe sous mes yeux, ce qui sort de ma bouche, qui coule comme ma lèvre inférieure pend, fatiguée. Ces haricots, très colorés (de quartiers bouillis de tomate) que je vomis avant de rentrer. Et puis le Déluge arrive, un peu trop tard, un peu trop connu déjà. Nous n'apprendrons jamais.

Ayooooo!

[Olympe]La maison du dragon est le siège de l'oeil de la tempête
Quand le destin tourne comme les pouces et les chevilles
Le vent reprend son souffle pour décoiffer les rois sans couronne
Chaud l'hiver des pingouins mais y a trop de dénominateurs ils vont finir en fourrure
Oyez l'envolée du taulier
[/Olympe]

Hors concours comme un Ewok au C-Walk
L'asthmatique hoquète en smokant la moquette
A raconter des salades en croyant lancer des roquettes
On finit dame-pipi dans la loge des castrats
OP pour l'opérette face aux gros bonnets, les bonnets D
A portée de main, à portée d'une bonne idée
Cheval cabré ou cheval bridé? Moment de vérité
Mais tout ce que t'as dans le ventre finit dans l'eau du bidet,
Baltringue.
Tu voulais grimper aux rideaux tu casses une tringle
Tombe aux honneurs non, Boumbo dans un film d'horreur
featuring Pontault Combault 2 Jackie 1 cup
Ramène du Destop, à base de popopopop. Yeah.

Non, pas yeah, mais burp. Trop d'herp derp dans le cahier.
Je cherche des poux dans la tête des animaux empaillées.
Tellement d'ennui qu'on entend les moules bailler.
Et le talent à revendre finit pas cher sur eBay.
Do or die en duel final avec un DAB
Débit et crédit en paso doble endiablé
J'ai cru acheter un bout du Mont-Saint-Michel à chaque paquet de sablé
Un bout de son blé sur un son de Bublé (ahem).

samedi 18 décembre 2010

Burp?... Yeah! What?... Yeah! Skitskitskitskitskit!

Mégalomane et fier de l'être
J'ai un plus joli timbre que ta fac de lettres
J'ai alité plus de bombes que la mortalité
Et la modestie n'est qu'une de mes qualités
Toute la Chine en jaunit à l'idée
Kanyé m'a mendié des photos autographiées
Les suicidaires m'ont imploré de les grâcier
Je suis la vie et la mort, les haricots et la chiée
Je suis le fromage sur le steak hâché
Je suis la dent de sagesse qui a inventé le papier mâché

Yeah yeah, microphone check one-two one-two
Please allow me to introduce myself
Cause if you don't allow you get shot by Koffalô
I be the light that allows the Halo
I'm the ground dancing with your shadow
The spine holding the back of your mind
While taking my talents to the landmine
of which I be the landlord, Oh Your God
Is sending His status update to my iPad

Tompokolahy sy tompokovavy, ry namana tapaka
Kabary matavy mahavoky fanahy mpangataka
Kasidedy ho an'ny fory mibango hiova bango saritaka
Fa tonga masiaka ny lema hitoto zesta rotaka
Endim-boanjo, môràly drakaka, filazana manjo
Antso avo miangavy ny vavanao hoe : mandroa
Raràna ny mandrora saingy ny tembo tsy paràky
Lelafo ny faladiako raha toa ny kitroko ka vakivaky

Word up.

vendredi 17 décembre 2010

WaikikiLeaks

Je triche
Pour attirer ton attention
Je détache les mots
J'essaie d'avoir l'air détaché
Au K2R
La conscience propre
Pour masquer
Des équations bien écrites
Où les prétendues inconnues
Sont bien documentées
J'ai des photos
De toi
Dans les années 90
Trouvées sur LCWaikikiLeaks
J'en sais long

Dents de scie à métaux.

Vendredi joli entre deux eaux choisit le Justerini
Tends-moi le cul que je fasse briller mes souliers vernis
Bouteille pleine métro Villejuif, à Châtelet bouteille finie
Et abreuver les animaux, avec ma minny money miny moe
Santé: téquila, vitamine C, sels minéraux
J'ai mes deux neurones fixés sur tes bas en nylons
Les canines aiguisées à la scie à métaux
Et les doigts prêts à trouver tes points vitaux

[Break]
C'est une petite mort, sur la manette
Une goutte de sang sur l'accéléromètre
[/Break]

Et puis c'est reparti, fils, rallume les feux d'artifice
On va acheter cette ville, amène ton chéquier et un k-bis
Les filles, tu sais, méfie-toi: c'est pas ce que tu crois
Laisse-leur des gosses en pourboire, ils deviendront reines et rois
Y a la classe le cul les casse-couilles et les lèche-culs
Et puis elles ont des frères et comme toi leurs frères tuent pour la vertu
Aux assises assisté du commis d'office aux causes perdues
On va acheter cette cellule, amène ton string et ton gros cul

[Break]
Love, oh love, what a blessy thing,
oh yeah...
[/Break]

Samedi matin blême, balayer sous le tapis
Les catins et leurs problèmes. Le téléphone
vibre au fond d'une chaussure que je retrouve dans l'évier
et les nouvelles du bled sont mauvaises même par sms.
Un mégot, un fond de bouteille, une chanson de Springsteen
Dessinent sur mon plafond un remix de la chapelle Sixteen
et ses leather boots. J'ai la scie à Maytals mais il manque Toots.
But who cares, anyway...

lundi 13 décembre 2010

Le Grand Projet.

Ce n'est pas un grain de sable dans l'engrenage, non, c'est le grand charroi d'alluvions et de sédiments que tu as confondu comme moi, ami, avec nos fondations, puisque c'est sur ce sol que nous avons poussé, poussé des cris et des bouchons, et des racines qui poussent là où on les pose sans se poser de questions. Les questions, elles aussi, se sont posées toutes seules, comme un bilan, feuille volante sur un tapis déjà épais de prières inexaucées. Je t'avais laissé les prières, mon ami, moi je préfère le rire (aux enterrements) et les chansons (à boire).

j'ai pour accoudoir la peau douce des plus belles femmes du trottoir inexistant dans cette ville perdue aux rues de sables. J'ai dans les mains la bouteille la plus chère des bars à matelots. J'ai dans la tête le plan de bataille survivant de notre grand projet. Car ce projet était encore plus grand que ce que je t'en avais raconté, moi le dilettante aux feuilles de calculs interminables. J'avais commencé à mettre en formules l'impact écologique, la redistribution des richesses selon la répartition des dividendes, la synergie de l'économie et des ancêtres. Parfois je leur parlais, aux ancêtres, et ils ne répondaient pas, pour ne pas troubler ma concentration au travail.

J'ai tout perdu, oui. Mais je m'en fous parce que je n'avais rien, sauf toi, mon ami. Ce que je lèguerai aux descendants de nos ancêtres, puisque nous ne sommes que les maillons d'un projet plus grand que nous, ce que je lèguerai c'est mes rires et mes chansons pendant que je rajuste mon sac sur mon épaule, reparti avec la saison, emportant toujours un peu moins de jeunesse pour laisser de la place aux souvenirs, ou inversment.

mardi 7 décembre 2010

Place publique.

Nous connaissons tous une rime à Janus. Hahaha... Gêné je tente de désamorcer la main d'un petit barbu posée très gentiment à l'arrière de ma ceinture. Il est 6 heures du matin dans un anniversaire où j'étais l'invité d'un invité. Dans cet appartement qui donne sur la place les jolies filles sont parties déjà, mais mon envie de boire, elle, ne veut pas. L'envie de parler encore moins.

Je me suis installé dans la cuisine: on n'y entre qu'à cinq, mais on y entre forcément, posant son stack en 6-max no-limit. Mon hôte personnel m'a indiqué les cachettes à bouteilles, où j'ai calé mon Jack Da. Mon verre dans ma main est le Fleuve Amour, qui se fout de ta gueule sans jamais contenir la même eau. Ma parole est le verbe, non pas premier mais primordial, puisque la première phrase est: "comment tu t'appelles?", mais que la suivante, plus importante, demande: "c'est quoi ton hôtel préféré?" Elle s'appelle Monica, et elle ne sait pas. Je suis soûl, enfin, quand elle est partie. Restent des gens qui me ressemblent. Le prix Nobel de la solitude. Quand je montre les dents c'est un sourire. C'est donc ça, cette expérience qu'on appelle une arme. Même les animaux de mon espèce font des enfants. Ou veulent juste faire semblant, pour se sentir beaux tout nus, on leur a fait croire que c'était possible comme si c'était possible qu'ils soient beaux même habillés par des enseignes bien vendues.

Je marche au soleil et je pense peut-être à un petit barbu que j'aurais dû appeler le grand-schtroumpf mais j'étais trop bourré. Je pense peut-être à la prétendue beauté de la naïveté mais j'ai oublié. Sur une place encore plus grande une bouche de métro m'avale. Je rentre chez moi: home is where I lay my hat. Patchamama sucks me wholly, comme une splendeur engloutie. You, fucking black hole...

lundi 6 décembre 2010

Gilbert le Conquérant.

Je sais faire des choses avec mes mains: rouler des cigarettes au feu rouge, transformer une boîte de pistoles à 70% en coups de langues de jolies filles sur des cuillers à entremets. Quand elles se penchent pour pouvoir me scruter de ce regard par en-dessous (je ne suis pas très grand) je leur dis salut, je m'appelle Gilbert, et quand je serai grand on m'appellera Gilbert Le Conquérant, et toi? Et je souris en coin. Je pense au temps où c'était la drogue dont on mesurait la pureté, et je transformais une dose en coups de reins de jeunes femmes en difficulté. J'ai changé de vie. Les filles sont plus jolies sans cicatrices.

vendredi 3 décembre 2010

Tout un chacun.

Parfois il m'arrive de me souvenir de reprendre mon chemin. De rappeler à la niche les bombes lâchées sur les sujets survolés comme des pays ennemis et d'atterrir dans les fourrés, armé d'un coeur et d'un canif, comme tout un chacun? Un regret à chaque pas sur le sentier sont les seules embuscades, me voilà péripatéticien alors je dis encore "sale pute", mais en aimant les sales putes, soeurs, et tout ce qu'elles m'ont apporté: thanks bitch, are you gonna die now? La vie à hauteur d'homme, de pigeon ou de chien, les mots la fiente et la truffe, de la merde partout. J'ai encore peur, parfois, mais la peur s'en va avec l'illusion d'une quelconque importance. Le néant les terrifie, il m'apaise, mais quel ennui. Quand je suis seul je deviens mon propre camarade de jeu, et ma bouteille de souvenirs est un tigre en peluche.