lundi 13 décembre 2010

Le Grand Projet.

Ce n'est pas un grain de sable dans l'engrenage, non, c'est le grand charroi d'alluvions et de sédiments que tu as confondu comme moi, ami, avec nos fondations, puisque c'est sur ce sol que nous avons poussé, poussé des cris et des bouchons, et des racines qui poussent là où on les pose sans se poser de questions. Les questions, elles aussi, se sont posées toutes seules, comme un bilan, feuille volante sur un tapis déjà épais de prières inexaucées. Je t'avais laissé les prières, mon ami, moi je préfère le rire (aux enterrements) et les chansons (à boire).

j'ai pour accoudoir la peau douce des plus belles femmes du trottoir inexistant dans cette ville perdue aux rues de sables. J'ai dans les mains la bouteille la plus chère des bars à matelots. J'ai dans la tête le plan de bataille survivant de notre grand projet. Car ce projet était encore plus grand que ce que je t'en avais raconté, moi le dilettante aux feuilles de calculs interminables. J'avais commencé à mettre en formules l'impact écologique, la redistribution des richesses selon la répartition des dividendes, la synergie de l'économie et des ancêtres. Parfois je leur parlais, aux ancêtres, et ils ne répondaient pas, pour ne pas troubler ma concentration au travail.

J'ai tout perdu, oui. Mais je m'en fous parce que je n'avais rien, sauf toi, mon ami. Ce que je lèguerai aux descendants de nos ancêtres, puisque nous ne sommes que les maillons d'un projet plus grand que nous, ce que je lèguerai c'est mes rires et mes chansons pendant que je rajuste mon sac sur mon épaule, reparti avec la saison, emportant toujours un peu moins de jeunesse pour laisser de la place aux souvenirs, ou inversment.

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