jeudi 30 décembre 2010

L'homme.

Il a lu le poème "If" et il a dit: c'est nul avec des ifs on parlerait de Monte-Cristo en pique-niquant à l'ombre pendant que Monte-Cristo s'occuperait du "when" car l'homme connaît son destin, qu'il plie, non pas comme un origami pour plaire dans les salons, mais comme une armature à béton et des traverses de chemin de fer qui nous mènent où nous voulont, quand nous voulons vraiment. J'ai des chaussures de sécurité. Pointure 52.

L'homme, pourtant, ne parle pas. Quand on tire on ne raconte pas sa vie. Il ne raconte qu'au repos du guerrier, aux petits chaperons rouges, sacs Vuitton deuxième main qui s'encanaillent, qui lègueront à leurs journaux intimes le souvenir des récifs, sinon la conclusion que "Fumer peut nuire à l'érection, contrairement au tennis, j'ai trompé mon mari je ne regrette rien mais j'ai compris pourquoi je l'aime et qui je suis et je partage ce serment secret avec moi-même seule parce que j'ai plus d'estime de moi-même que ces autres femelles des courriers de lectrices".

L'homme du haut de la vérité génétique de ses talons plats, de ce débit saccadé des taiseux qui offrent chaque mot comme un pedaso de l'alma que se arrance sin pieda, te parlera de l'ingratitude des femmes, des froufrous dans leurs yeux, qui les distraient de la valeur cachée du guerrier. Du chevalier désargenté. Des lunettes de Clark Kent. Des roses qui sont allé voir et qu'on n'a plus revues, pauvres folles attirées par les promesses des vieux. Des sorcières qui l'ont consolé et qui ont fait de lui, encore plus, un homme, un vrai, de ceux qui connaissent les démons par leurs prénoms. Et pendant qu'il parlera, d'autres hommes auront pitié de lui et vous mépriseront, toi la femme qui écoute cet homme faible. Plus tard ils lui parlerontavec bienveillance, lui rappelleront le Code. Souviens-toi du Code, frère des loups, père agriculteur des écrivains, compagnon d'armes nous conquîmes les courtisanes comme terres brûlées, comme la jeunesse saignée au labeur et à l'idiotie, tu es un dos et des bras et des reins, salud! Dieux du petit stade du village, le vestiaire qui sent les trois 8 à Riooooooo, Rioooooooo Baril. L'exotisme ordinaire d'une cuite habituelle, la sensibilité des excuses ou la fierté du jusqu'au-boutisme mitoyen, bordel, je lui raserai ses haies je le jure, parole d'homme.

Lounge.

Je me suis habillé de savants calculs, encore une fois. Ni trop ceci, ni trop pas-assez-ça. Loin du binaire US de se demander quelle boisson est gay et laquelle ne l'est pas, je pèse les implications respectives d'un cageot de bières ou de quelques sips d'un long drink coloré sur mon image, et la conversation que je devrai maintenir pour flouter ou, au contraire, exagérer cette image, en fonction du potentiel de mon interlocuteur à prendre place dans mon dîner de cons personnel.

J'y arrive encore parfois, à faire bonne figure, à jouer aux marionnettes. Pourtant tous les artistes vous le diront: rien ne vaut le live. Je suis un artiste, et je pars en live. Je suis le clown blanc de cette auguste vie, mais le clown en a ras le cul. Je veux foutre des tartes sans crème dans la gueule de ces enfants, gâtés ou non. Alors je souris à leurs inanités, et je reprends une bière en montrant mes tatouages par inadvertance, tout en parlant de courts-métrages polonais expérimentaux que je suis en train d'inventer. La fille s'en fout, elle veut me raconter son aérobic, l'ennui de ses 10 ans de mariage, et qu'on échange nos numéros de téléphone. Je crois que je suis trop raffiné pour cette vie. Quelle plaie.

La Mala Vida.

Quelques bières sur le comptoir manifestaient la pénibilité du travail. VIP des bas-fonds j'ai ma place réservée au plus pouilleux des trois bars, où je bois, debout, en attendant que mes copines de soûlerie reviennent de leurs passes. Ces filles qui m'ont déjà giflé et griffé un soir où nous avons tous trop bu, où je leur demandais des nouvelles de la scolarité de leurs enfants en répétant méchamment : "On baise?" Mais ce soir elles me protègent des autres filles, comme on protège un ami ou un investissement. Les autres filles me prennent pour un client. Les autres filles essaient de réveiller ce qu'elles croient être de la testostérone, qui n'est chez moi qu'une pulsion de Déluge, la propreté de la désolation. Pour canaliser le Déluge je chantonne "I'll make it rain on you ho's". Faire tomber en pluie fine les nuages dissipés, puisque nous avons tous un ciel, qui se charge en même temps que nos alcoolémies pendant que nous dansons. Soûl comme au premier jour je suis à genoux sur la piste sur des grosses basses nègres. Je ne suis pas un vieux blanc venu cueillir la vraie vie entre les cuisses d'une sauvage longtemps méritée, ha les acquis sociaux, mon colon. Je ne suis pas un jeune provincial qui se croit arrivé en Jamaïque depuis qu'il a son premier 4x4 avec lecteur DVD. Les surnageants de la dernière pluie (de balles). Tous unis par le coupé-décalé. Séparés par le g-funk dans ma tête, le béton, le froid. Je suis né riche. J'ai grandi. Et je danse pour appeler la pluie.

Des haricots, de la graisse et des abats, cuits pendant des heures. Tu ne manges pas, ce n'est pas une surprise. La bouteille de mauvais rhum que je n'arrive pas à boire s'efforce de conjurer ma jeunesse, non pas envolée mais vautrée dans le caniveau. La jeunesse ne s'envole pas, elle se noie dans son vomi. Tu pars te promener dans le parking glauque, peut-être pour trouver dans le silence bienveillant de la lune quelque reste oublié de poésie. Incapable peut-être de voir ce que Bacon ou Kandinsky auraient pu peindre de ce qui se passe sous mes yeux, ce qui sort de ma bouche, qui coule comme ma lèvre inférieure pend, fatiguée. Ces haricots, très colorés (de quartiers bouillis de tomate) que je vomis avant de rentrer. Et puis le Déluge arrive, un peu trop tard, un peu trop connu déjà. Nous n'apprendrons jamais.

Ayooooo!

[Olympe]La maison du dragon est le siège de l'oeil de la tempête
Quand le destin tourne comme les pouces et les chevilles
Le vent reprend son souffle pour décoiffer les rois sans couronne
Chaud l'hiver des pingouins mais y a trop de dénominateurs ils vont finir en fourrure
Oyez l'envolée du taulier
[/Olympe]

Hors concours comme un Ewok au C-Walk
L'asthmatique hoquète en smokant la moquette
A raconter des salades en croyant lancer des roquettes
On finit dame-pipi dans la loge des castrats
OP pour l'opérette face aux gros bonnets, les bonnets D
A portée de main, à portée d'une bonne idée
Cheval cabré ou cheval bridé? Moment de vérité
Mais tout ce que t'as dans le ventre finit dans l'eau du bidet,
Baltringue.
Tu voulais grimper aux rideaux tu casses une tringle
Tombe aux honneurs non, Boumbo dans un film d'horreur
featuring Pontault Combault 2 Jackie 1 cup
Ramène du Destop, à base de popopopop. Yeah.

Non, pas yeah, mais burp. Trop d'herp derp dans le cahier.
Je cherche des poux dans la tête des animaux empaillées.
Tellement d'ennui qu'on entend les moules bailler.
Et le talent à revendre finit pas cher sur eBay.
Do or die en duel final avec un DAB
Débit et crédit en paso doble endiablé
J'ai cru acheter un bout du Mont-Saint-Michel à chaque paquet de sablé
Un bout de son blé sur un son de Bublé (ahem).

samedi 18 décembre 2010

Burp?... Yeah! What?... Yeah! Skitskitskitskitskit!

Mégalomane et fier de l'être
J'ai un plus joli timbre que ta fac de lettres
J'ai alité plus de bombes que la mortalité
Et la modestie n'est qu'une de mes qualités
Toute la Chine en jaunit à l'idée
Kanyé m'a mendié des photos autographiées
Les suicidaires m'ont imploré de les grâcier
Je suis la vie et la mort, les haricots et la chiée
Je suis le fromage sur le steak hâché
Je suis la dent de sagesse qui a inventé le papier mâché

Yeah yeah, microphone check one-two one-two
Please allow me to introduce myself
Cause if you don't allow you get shot by Koffalô
I be the light that allows the Halo
I'm the ground dancing with your shadow
The spine holding the back of your mind
While taking my talents to the landmine
of which I be the landlord, Oh Your God
Is sending His status update to my iPad

Tompokolahy sy tompokovavy, ry namana tapaka
Kabary matavy mahavoky fanahy mpangataka
Kasidedy ho an'ny fory mibango hiova bango saritaka
Fa tonga masiaka ny lema hitoto zesta rotaka
Endim-boanjo, môràly drakaka, filazana manjo
Antso avo miangavy ny vavanao hoe : mandroa
Raràna ny mandrora saingy ny tembo tsy paràky
Lelafo ny faladiako raha toa ny kitroko ka vakivaky

Word up.

vendredi 17 décembre 2010

WaikikiLeaks

Je triche
Pour attirer ton attention
Je détache les mots
J'essaie d'avoir l'air détaché
Au K2R
La conscience propre
Pour masquer
Des équations bien écrites
Où les prétendues inconnues
Sont bien documentées
J'ai des photos
De toi
Dans les années 90
Trouvées sur LCWaikikiLeaks
J'en sais long

Dents de scie à métaux.

Vendredi joli entre deux eaux choisit le Justerini
Tends-moi le cul que je fasse briller mes souliers vernis
Bouteille pleine métro Villejuif, à Châtelet bouteille finie
Et abreuver les animaux, avec ma minny money miny moe
Santé: téquila, vitamine C, sels minéraux
J'ai mes deux neurones fixés sur tes bas en nylons
Les canines aiguisées à la scie à métaux
Et les doigts prêts à trouver tes points vitaux

[Break]
C'est une petite mort, sur la manette
Une goutte de sang sur l'accéléromètre
[/Break]

Et puis c'est reparti, fils, rallume les feux d'artifice
On va acheter cette ville, amène ton chéquier et un k-bis
Les filles, tu sais, méfie-toi: c'est pas ce que tu crois
Laisse-leur des gosses en pourboire, ils deviendront reines et rois
Y a la classe le cul les casse-couilles et les lèche-culs
Et puis elles ont des frères et comme toi leurs frères tuent pour la vertu
Aux assises assisté du commis d'office aux causes perdues
On va acheter cette cellule, amène ton string et ton gros cul

[Break]
Love, oh love, what a blessy thing,
oh yeah...
[/Break]

Samedi matin blême, balayer sous le tapis
Les catins et leurs problèmes. Le téléphone
vibre au fond d'une chaussure que je retrouve dans l'évier
et les nouvelles du bled sont mauvaises même par sms.
Un mégot, un fond de bouteille, une chanson de Springsteen
Dessinent sur mon plafond un remix de la chapelle Sixteen
et ses leather boots. J'ai la scie à Maytals mais il manque Toots.
But who cares, anyway...

lundi 13 décembre 2010

Le Grand Projet.

Ce n'est pas un grain de sable dans l'engrenage, non, c'est le grand charroi d'alluvions et de sédiments que tu as confondu comme moi, ami, avec nos fondations, puisque c'est sur ce sol que nous avons poussé, poussé des cris et des bouchons, et des racines qui poussent là où on les pose sans se poser de questions. Les questions, elles aussi, se sont posées toutes seules, comme un bilan, feuille volante sur un tapis déjà épais de prières inexaucées. Je t'avais laissé les prières, mon ami, moi je préfère le rire (aux enterrements) et les chansons (à boire).

j'ai pour accoudoir la peau douce des plus belles femmes du trottoir inexistant dans cette ville perdue aux rues de sables. J'ai dans les mains la bouteille la plus chère des bars à matelots. J'ai dans la tête le plan de bataille survivant de notre grand projet. Car ce projet était encore plus grand que ce que je t'en avais raconté, moi le dilettante aux feuilles de calculs interminables. J'avais commencé à mettre en formules l'impact écologique, la redistribution des richesses selon la répartition des dividendes, la synergie de l'économie et des ancêtres. Parfois je leur parlais, aux ancêtres, et ils ne répondaient pas, pour ne pas troubler ma concentration au travail.

J'ai tout perdu, oui. Mais je m'en fous parce que je n'avais rien, sauf toi, mon ami. Ce que je lèguerai aux descendants de nos ancêtres, puisque nous ne sommes que les maillons d'un projet plus grand que nous, ce que je lèguerai c'est mes rires et mes chansons pendant que je rajuste mon sac sur mon épaule, reparti avec la saison, emportant toujours un peu moins de jeunesse pour laisser de la place aux souvenirs, ou inversment.

mardi 7 décembre 2010

Place publique.

Nous connaissons tous une rime à Janus. Hahaha... Gêné je tente de désamorcer la main d'un petit barbu posée très gentiment à l'arrière de ma ceinture. Il est 6 heures du matin dans un anniversaire où j'étais l'invité d'un invité. Dans cet appartement qui donne sur la place les jolies filles sont parties déjà, mais mon envie de boire, elle, ne veut pas. L'envie de parler encore moins.

Je me suis installé dans la cuisine: on n'y entre qu'à cinq, mais on y entre forcément, posant son stack en 6-max no-limit. Mon hôte personnel m'a indiqué les cachettes à bouteilles, où j'ai calé mon Jack Da. Mon verre dans ma main est le Fleuve Amour, qui se fout de ta gueule sans jamais contenir la même eau. Ma parole est le verbe, non pas premier mais primordial, puisque la première phrase est: "comment tu t'appelles?", mais que la suivante, plus importante, demande: "c'est quoi ton hôtel préféré?" Elle s'appelle Monica, et elle ne sait pas. Je suis soûl, enfin, quand elle est partie. Restent des gens qui me ressemblent. Le prix Nobel de la solitude. Quand je montre les dents c'est un sourire. C'est donc ça, cette expérience qu'on appelle une arme. Même les animaux de mon espèce font des enfants. Ou veulent juste faire semblant, pour se sentir beaux tout nus, on leur a fait croire que c'était possible comme si c'était possible qu'ils soient beaux même habillés par des enseignes bien vendues.

Je marche au soleil et je pense peut-être à un petit barbu que j'aurais dû appeler le grand-schtroumpf mais j'étais trop bourré. Je pense peut-être à la prétendue beauté de la naïveté mais j'ai oublié. Sur une place encore plus grande une bouche de métro m'avale. Je rentre chez moi: home is where I lay my hat. Patchamama sucks me wholly, comme une splendeur engloutie. You, fucking black hole...

lundi 6 décembre 2010

Gilbert le Conquérant.

Je sais faire des choses avec mes mains: rouler des cigarettes au feu rouge, transformer une boîte de pistoles à 70% en coups de langues de jolies filles sur des cuillers à entremets. Quand elles se penchent pour pouvoir me scruter de ce regard par en-dessous (je ne suis pas très grand) je leur dis salut, je m'appelle Gilbert, et quand je serai grand on m'appellera Gilbert Le Conquérant, et toi? Et je souris en coin. Je pense au temps où c'était la drogue dont on mesurait la pureté, et je transformais une dose en coups de reins de jeunes femmes en difficulté. J'ai changé de vie. Les filles sont plus jolies sans cicatrices.

vendredi 3 décembre 2010

Tout un chacun.

Parfois il m'arrive de me souvenir de reprendre mon chemin. De rappeler à la niche les bombes lâchées sur les sujets survolés comme des pays ennemis et d'atterrir dans les fourrés, armé d'un coeur et d'un canif, comme tout un chacun? Un regret à chaque pas sur le sentier sont les seules embuscades, me voilà péripatéticien alors je dis encore "sale pute", mais en aimant les sales putes, soeurs, et tout ce qu'elles m'ont apporté: thanks bitch, are you gonna die now? La vie à hauteur d'homme, de pigeon ou de chien, les mots la fiente et la truffe, de la merde partout. J'ai encore peur, parfois, mais la peur s'en va avec l'illusion d'une quelconque importance. Le néant les terrifie, il m'apaise, mais quel ennui. Quand je suis seul je deviens mon propre camarade de jeu, et ma bouteille de souvenirs est un tigre en peluche.

vendredi 26 novembre 2010

Agricultivé, restauration.

Sourcil haussé comme un petit doigt en l'air undercover, deux autres phalanges engoncées dans un anus si peu profond que ces deux pauvres phalanges, déjà, atteignent le diaphragme et empêchent leur possesseur peu fourni de respirer, ainsi la phrase tombe, voulue définitive comme entendue à la radio le matin mais sans la reverb:

"Mais enfin, tu n'y connais rien! Si ça ne pue pas, ce n'est pas du fromaaaaage!"

C'est là un spécimen de mongol: il n'y a pas d'arbres en Mongolie, même pas un bananier, alors le seul lien qui reste avec la "nature" c'est une bande de fromages et de produits finis semi-finis qui se connaissent tous entre eux comme une amicale d'anciens élèves coincés dans les mêmes impasses professionnelles. Bouffe-le, ton fromage emballé dans du cuir de rat mort, comme ça tu arriveras à ne pas voir que la "nature" c'est moi et ce n'est plus toi. La nature humaine. Bof. Nous sommes trois en cuisine pendant que le chef pavane ses taches de graillon en salle plutôt que de travailler aux fourneaux. A nous trois nous parlons une quinzaine de langues. A nous trois nous cumulons quelques dizaines milliers de kilomètres. Le blanc, lui, comme dans "travail de blanc" pour parler d'un boulot mal fait avec le petit personnel qui rattrape derrière, le blanc disais-je, nous voit en tant que petit personnel habillé en uniforme de couleur de peau, et nous parle de fromages et de rhâlouf, ça doit être ça les bienfaits de la civilisation.

Le chef me charge de goûter l'assaisonnement des harengs: il dit qu'il vomit quand il en mange, tiens, comme Seydou. Petite nature.

Le chef râle parce que j'ai trop de pain sur mon étagère. Je n'ai pas eu le temps de ranger mon plan de travail parce que j'ai nettoyé le sien. Après trois mois de boulot, dont un à la plonge, j'assume, malgré mon contrat de plongeur et en collaboration avec Seydou, qu'ils voulaient virer avant que j'arrive et que je réconcilie tout le monde grâce à mon prana-bindu, des fonctions de quasi-chef de partie. Fonctions payées 39 heures de smic pour 55 heures travaillées. Le fait est que s'il veut manger des trucs qui puent j'aurais quelques trucs à lui proposer, comme la merde de mon cul, avec les compliments du front populaire.

Parfois, je demande au chef de goûter ce dont je suis en charge: sauces des entrées, desserts. La plupart du temps, je change peu à peu ses recettes et ses proportions sans lui en faire mention. Ce qui se vend le plus au restaurant c'est la mousse au chocolat. Je ne l'ai pas inventée, la mousse au chocolat, mais c'est moi qui la fait: j'en fait 20 kilos par semaine. Le chef ne l'a pas goûtée depuis 3 mois. Pourtant, elle a changé, peu à peu, à coups de grammes empiriques de sucre ou de jaunes, et selon mon humeur du jour. Et c'est la serveuse qui me sert de goûteuse.

Je suis né en ville, moi, je ne sais pas planter les choux et je n'ai jamais vu de cacaoyers. Pourtant il y a des cacaoyers à Madagascar. Mais un jour je tiendrai un très bon restaurant, là-bas, un restaurant meilleur que ces terrasses parisiennes qui proposent à 15-16 euros des menus du jour recyclés des restes de la carte invendue de la veille (rillettes de saumon avec des garnitures aux intitulés flexibles, etc). J'aurai une vraie carte grâce au coût très compétitif de la main-d'oeuvre ébahie par mon cursus (Paris, New York, Mombasa, Bangkok, Rio). Dans le désordre:

Bananes "ranjalia" en beignets de ruelle, chocolat de [insérer ici le nom d'une plantation locale].
Pakoras de légume d'Antsirabé, épices de Neny karana de Tsaralalàna, sauce menthe-coriandre, sauce tamarin.
Entrecôte de zébu, pommes de terre décalibrées, béarnaise qui n'a jamais vu le Béarn sauf sur MSN ("je vous trrrouve trrrrès beau"), et sourire de la serveuse.
Crevettes roses voanio râpé (fuck le lait de coco en boîte, c'est dégueulasse), crémeux créole, légumes flambés au Dzama Vieux.
Cocktail ManaKir Royal, servi avec le pantalon moulant du serveur (encore à inventer).
Foie gras de canard, frapaina (soanambo) caramélisé aux paiso ra-kena, miel de thym.
Brochettes de parking baby!, pako-pako et rougail doux, mahôgo, shot de Brighton et souvenirs.
Lamàtra grillé à l'échalotte et aux herbes timides, cageot de bières et playlist Kawitry du chef (à partir de 4 personnes).
Hen'omby ritra Newton, anan-tsonga Jocelyne, pirina à la Charles, trondro maina à la "Sombinaina"
Cocotte (Seb, baby!) de Riz cantonnais Skee Bee Dee Boo, Tsa-siou de la barrique, prix 3 étoiles.
Kulfi au lait d'abricots, vanille, cardamone et pistaches.
La salade de concombres la plus simple du monde, sel, poivre, vinaigre, pour quand il fait chaud.

Message in a bottle de bière, yo.

Je vous parle d'un temps qui va apprendre à fermer sa gueule
De peur qu'on la lui rouvre au Laguiole, hé
Si t'es dans la Lune, conseil d'ami:
Cache tes impacts de météorites sous ta cagoule
Si t'es pas capable de les faire briller à la soude
D'être un commandant-massoud même en voyageant dans la soute, moi
Je vous parle d'un temps qui pue comme le mazout
Avec les couilles comme allumettes et des mots pour ras el hanout.
Voiles sur le boutre sur des mers de (rien à) foutre
Popopop, si t'es une petite mousse fais-moi briller ce troisième pont, salope.
Rafales de balles de fripes dans la cale, à côté des cadavres
Je réceptionne des containers de bouteilles à la mer dans le port du Havre.

Boma yé

Picture yourself in a car on the highway
With a shortening leash and CCTVs
Cellophane flowers of yellow and green
Could be bank notes or Lee-Loo Dallas Moultipass
Or a free ride on a kaleidoscoped bitchass
And then there's me at the wheel, and I mean
That half-assed poet singing lullabies
To soothe the funerals from the burden of bad-byes
Loans left by Aunt Lucy when she flew with her diamonds
May as well keep her doggy bag full 'cause we only die once
Pass the ford, ungrasp your hold yeah, but pass the Courvoisier
Beat yourself with the crowd howlin' "Baby, boma yé"

samedi 20 novembre 2010

Piazza, fin d'automne.

La piazza, fin d'automne. A la table contigüe un touriste théorise comme à la Sorbonne, devant laquelle passâtes aussi, à propos de jinga et autres notions innées/acquises de remuage de cul, pour les lobes à lécher d'une apprentie socialite, apprêtée pour l'occasion comme une idée de Paris dans ce trou du cul du monde. Car c'est ce soir-là une piazza tropicale, où l'on pisse sur les murs comme dans toutes les fêtes arrosées du monde riche et moins riche uni par le waka waka, en six langues grâce à la colonisation, la coopération allemande pour la formation des guides, les quincailleries karanes, les clips américains et le made in China, en plus des dialectes indigènes. Nous sommes un peuple métissé, accueillant. Je revendique moi-même, à l'occasion, quand je suis d'humeur badine, des racines aériennes, sinon des origines du monde, bitch, et je suis né sans casque. Tu suces?
Passons.

Passons par tous les états d'ébriété
Spring breaks et étés débridés
Les seins têtés qui, entêtés,
Dix ans plus tard crient encore "j'y étais!"

WOW!
Poésie!

les babines retroussées comme les revers de mes jeans courts sur pattes, je ne sais plus si je suis Gandhi, ODB ou Tom Waits, je crois que j'ai encore perdu le fil de mes rôles de décomposition. Je voudrais jeter l'éponge dans les chutes bouillonnantes d'un rift original, mais je me contente de ramasser la note et de commander une nouvelle tournée de 6. A la table contigüe une cellulite parle de son jeune chômage. Connasse de pauvre. I make it rain on you hoes, fap fap fap...

vendredi 19 novembre 2010

Thin brags.

Il y a les anciens beaux gosses devenus bofs, les aspirants notables qui ressemblent à leurs pères
Il y a les enfants de choeur, parfois les mêmes, que l'âge fait semblant d'avoir encanaillés et qui se retiennent de parler de Jésus aux putes au détour d'une mission professionnelle, parce que Jésus les rassure mais qu'ils sont de grands garçons maintenant et qu'ils aiment manman (il faut qu'elle repose en paix)
Il y a les chevelus en uniforme d'anticonformisme qui disent "non" comme par réflexe, et puis "tu comprends pas (lalalala), je sais pas comment le dire en français mais au Chiapas on dit cibucizuebcoecizc ceziohc; oc bite, c'est intraduisible", ça veut dire t'as pas une clope, pour la cause?, mais avec toute une culture de partage derrière, tu'ouas?
Il y les vieux revenus qui ricanent à peine devant les jeunes parvenus, moquant la hype d'aujourd'hui en s'appuyant sur la hype d'hier (Gainsbourg? chiche, vieux con)

Croyez-vous que je sois jaloux? Pas du touuuuuuut, pas du touuuuuut!
Moi, j'ai un piège à lol, un piège à
fuck you, qui fait
"gaa, ga gaga gaaâah... una cerveza por favor, jajaja?"
Bitch.

No Sushaï

C'est le Côté Obscuuuuuuur!... (kof kof, fumer tue). Mais non, éteins ta chandelle, tu gâches tout mon script j'avais acheté des lunettes "vision de nuit" pour faire style "Le Silence des Agneaux", mais version pegi 3, avec des guilis-guilis. Non c'est bon, j'ai fini de toutes façons. T'as joui?

Nous, nous! Nous, nous ne serons jamais vendus, nous ne serons jamais résignés, rebelle merde, quoi, aller, steuplaît: j'ai acheté des sushis. Lol. Non, c'est pas du rouge, c'est de l'albacore comme toi, j'ai vérifié.

mercredi 17 novembre 2010

Tes yeux sont des lances
d'incendie.

Ce n'est pas toujours un compliment. Tu éteins le feu que j'essaie d'attiser, le feu qui me tient chaud au fin fond du Mordor, merde, le froid Mordor où je vis parce que je suis un con, mais un con gru.

Qu'est-ce qui m'a pris, bordel, d'épouser la seule fille sur terre que je ne fais pas rire? Qui ne pleure que quand je suis méchant et pas quand je parle de ce que j'aime?

I feel so slightly alone, and so I scat:skee bee dee bap dee shee bededee booo...

Bonnie and Clyde.

C'est nouveau cette façon de terminer la nuit en buddy movie plutôt qu'en neuf semaines et demie. Dans 9,5 semaines nous serons en 2012 et je courrai sur mes 34 ans pendant que tu marcheras à reculons, disons en moonwalk et en Doc Marteen's vertes, sur la trentaine. Espèce de peau vieillissante. Espèce d'inconnue, d'habitude sans remise en cause, de tradition à laquelle je sacrifie en libations la première lampée de mes bouteilles. Espèce d'évidence, évidente comme tes mains, tes mains autour de ma bite, tes mains sur un clavier, tes mains qui font des cookies à 2 heures du matin, tes mains qui raclent le parquet, qui refont l'enduit de la maison, tes mains qui font la vaisselle plutôt que de réfléchir ou de jouer du blues. Tes mains que tu caches tant que tu peux quand, parfois, tu réalises qu'elles égrènent frénétiquement le chapelet de quelques prières qui subsistent encore.

C'est nouveau ces cicatrices et ces jointures épaissies. Ce sont mes mains. Des mains de travailleur. Deux centimètres de cornes sous mes pieds, après 60 heures hebdomadaires de station debout. Mes biceps plus épais que mon cou. Et puis toujours ce manque de sommeil qui nous lie à distance. Moi je vis avec la bouche. Dans ma bouche il y a toi parfois. Dans ma bouche il y a de l'alcool et des conneries revomies. Et puis des chansons, but you don't really care about music, do you? You'd rather read, so that the liar lies to you only, little princess. I've come at night through the window, and I must leave before dawn breaks. But dawn will never come: it's just getting darker and darker, and we will fade sans surprise.

Bisous.

vendredi 5 novembre 2010

Vulve d'Acier.

Furthermore togetherness or lack thereof.
Mime au miroir everafter.
Je m'en fous j'ai mes chakras à toit ouvrant,
vision panoramique très bon état général, première main, papiers complets.
Qui dit mieux?
Mais une anguille sous rush
monte au filet, intraduisible,
claque un smash, clashe un smack: hé, tu glisses, bitch?
Mais comment mettre une anguille à quatre pattes?
"Hé. A QUATRE PATTES!!!"
J'attends.
Raté.

(Ouvrir ici un parenthèse pour penser à refermer toutes les parenthèses en suspens (comme celle-ci (ou celle-là) - mais je digresse))).

Lowride.

Il fut un temps facile, blessures superficielles, la brûlure d'un verre de rhum pourri dans un verre en plastique, une Coccinelle comme une batmobile yo, upgrade jusqu'au bidon de tégué et le demi-ghetto-blaster pour passer du son "underground" d'Alliance FM lol. 423 coups sur la porte de la street ("Putain, on est enfermé dehors!"), nan nan, faut trouver le mot de passe. Les amis de mes amis sont mes amis? Le passé de mon passé fait partie de mon passé? ("Décapotable, téléphone portable, j'peux pas faire mieux, vieuuux").

Ho-laaaaa! "Halte au sketch".

Maintenant c'est le même son qu'avant, voire pire après tri: ex-apôtres de la street-apatrie virés des playlists après leurs traîtrises bien mal-apprises dans les coteries (il a niqué Christine Angot et traîné dans la cour à Sarko, sérieux? Tokiky) Du gros son qui sent la crunk, je sais, je ne suis plus à la mode m'en fous, passe-moi le mic, je ne comprends toujours pas les paroles du rap américain, mais vas-y prétendre que tu comprends tout à René Char, tu mets tes propres sales mots à la place, tu regardes les images et c'est beau.

Mettons-y les mots d'avant, les mots de la nostalgie, à ce métro-boulot-cuite.

Il fut un temps, vers 2010, il y a un mois, il y a un an, il y a une éternité (Vikto Läzlo, Canoë Rose), un temps mal-aimé entre deux zoos, là où s'éteignent les espèces sous les cacahuètes des gamins blancs qui ont eu une bonne note en dictée yo. Dernières saignées, dernières cicatrices, bouquets finaux de pétards moisis tatoués sur la peau, non, décalcomaniés en état mineur d'alcoolémie de Caliméro (au pluriel: Caliméri). Avec l'ami Jojo, et avec Maître Pierre dans la jet-set du tiers-monde, alternant entre ariary et euros, entre GTA et une copie en raphia du Vatican, nous allions chanter nos 30 ans. Chemins tracés à la craie depuis la clinique jusqu'aux cageots de Mariette jusqu'aux WSOP ou à Arakis où je vais toutes les nuits, les nuits je mens je prends des trains pour rentrer du taf et mon esprit s'envole comme un Antonov ou une autre marque de vodka.

Ho. Pause. A buv'.

dimanche 31 octobre 2010

Consigne.

Je séquèstre à l'improviste dans un photomaton, pour un mug shot, un moment de joie suspecte, une pièce de plus à verser au dossier.
Il me restera de l'eau, du vent mais il devait
Bien y rêver sous ce duvet, mais votre Honneur
Je ne suis pas un donneur:
Je ne dénoncerai pas le bonheur.
Noyé dans la foule touriste je trompe les hélicos de la police et la houle déguisé en boîte aux lettres, avec tes mots qui rentrent dans ma bouche. Tu poses la pulpe de tes doigts sur le zinc et tapote
Et je croasse comme un crapaud qu'appâte la pluie qui clapote, et c'est ta faute
Ces photos floues de fête, ces propos de prophète
Ces facéties trop faites comme des serrures qu'on crochète.
Attends, je ne veux pas rentrer encore, un verre encore, tu veux?
Qui nous nous mouille comme un vieux pullover un jour pluvieux. Ok, ok, j'arrête les rimes. Consigner notre déguisement de petit couple sans histoire au milieu des hommes en porte-jarretelles et des femmes en loup d'un week-end d'Halloween. Les kilomètres d'écharpe qui sentent le neuf. Les couloirs de métro qui sentent la pisse. Les rues de Paris qui sentent la french fry. Et puis nous qui rions, de temps en temps, comme des cons.

vendredi 29 octobre 2010

L'échappée.

Lui promettre qu'un jour je lancerai à nouveau des promesses plutôt que poser des ultimatums. Mais elle s'en fout, déjà. Bon, je promets que demain je... Je promets que demain le monde sera toujours aussi vaste, assez vaste pour nous deux. Je promets que je ne fermerai pas la porte.

Tha shiznit? Déjà les barbelés.

Marqué à vie par ma vie, pardonnez-moi, l'A86 changera mais elle restera pour moi liée, à jamais, je le jure, à mon casque argenté qui passait la douleur, Nessbeal, les dB de caisses claires, le poids des mots, les claques des potos. L'A86 actuelle apparaîtra aux enfants que je n'aurai pas, sur des cartes postales rétro, telle la nationale 7 de Trénet, comme le chemin tranquille du bon vieux temps, à eux coincé dans leur époque de blade runners, leur époque en fait la mienne dans 20 ans. Je serai encore là dans 20 ans. Je suis déjà là, à parler du passé au futur antérieur. Oui mais il y a trop de 16 mesures que n'égaleront jamais les meilleurs coms de rue 89. Il n'y a pas de "classiques" sur internet? 4chan est-il la nouvelle voix du peuple? Lawlz. Ils ne parlent pas clair, ils parlent sans force: ils parlent en nombre, c'est tout.

De l'omniprésence de la mort et des morts en milieu de cuite.

C'est une vieille histoire, puisque le plus vieux métier du monde, en dépit de la fierté des putes, est de vivre avec la mort. Je n'évoque pas ici la voie guerrière du samouraï, mais les tombes reposées à l'ombre d'un manguier, d'un tamarinier ou du chantier inachevé du troisième étage, réduit à un amas de briques au milieu de la cour où les enfants jouent pour que leurs rires, résonnant dans le quartier du troisième plan des ruelles tananariviennes, rassure chacun de nous sur le fait que la vie suit son cours, pauvres olombelona (humains vivants) que nous sommes, conscients de là où la vie nous mène: au milieu de la cour.

Mon père ne conduisait de voitures que de son vivant, c'est là un point indiscutable. Si, si. Certaines nuits il nous conduisait sur la piste des caravanes des rallyes automobiles. D'autres fois nous faisions 30 kilomètres jusqu'à Ambatofotsy pour manger deux épis de maïs. D'autres fois encore nous allions, aussi inconséquemment, sortir de leurs tombes, avec tout un village inconnu et quelques centaines d'autres familiers, des morts tout aussi inconnus, qu'on ne reconnaissait que par leur nom écrit sur un papier glissé dans une bouteille vide attachée à leur linceul.

Assis au milieu des hombres, petit garçon, j'ai mangé mon riz à l'huile,ce riz rouge et gras des campagnes, à défaut de pouvoir boire, comme un hombre, l'alcool blanc et gras des campagnes. Jusqu'à ce que qu'un oncle, que je connaissais peut-être me tende le broc en émail. J'ai bu, et ensuite cet oncle a frotté sur mon visage et sur celui de tous ceux qu'il croisait et qui l'acceptaient, ses mains enduites de l'odeur du mort de la morte qu'il venait de sortir de la tombe.

Chouette, non?

J'ai arrêté d'avoir pitié de moi-même, et depuis ce jour je vais mieux.

Est-ce qu'on perd d'abord la foi, ou la peur? Ceux qui n'ont jamais eu la foi ont droit à un joker, petits enfants innocents, anges jamais tombés du ciel pour devenir démons. Je viendrais, imbibé d'alcool et m'efforçant d'être charitable, initier leurs visages avec mes mains imbibées de l'ail que je viens d'éplucher à mon boulot de commis. L'ail fait rire des vampires et autres croquemitaines. On a les initiations qu'on mérite, mais plus on est vieux et plus on en souffre, demandez aux circoncis tardifs. La pièce qu'on donne aux mendiants est-elle la même qu'on glissait sous la langue des morts pour payer son SMIC à Charon? En voilà des questions existentielles...

Famadihana.

Il y avait des carcasses de zébu pendues à la varangue, du whisky importé caché sous les bidons d'alcool de manioc. Nous étions cinq dans la tente à deux places, serrés aussi chauds que les morts dans la tombe, et nous avons fait la fête assez fort pour les réveiller avant d'aller leur rendre visite, mamangy, raiamandreny, ela tsy nandevenako anao aba... (je viens rendre visite, parents, cela fait longtemps que je ne t'ai pas enterré, père).

J'ai des photos quelque part. Je les ai laissées à leur place, qui n'est pas avec moi. Je n'emporte que moi, souvent, sans y penser. Je suis ce que les gens que j'aime ont légué au monde.

jeudi 28 octobre 2010

Les bourgeois, c'est comme des cochons.

Je rentre tard chaque nuit et marchant sur le même trottoir qui dure une cigarette entre le métro et la porte je pense à mes parents.

Une chanson de ma jeunesse répétait "le temps passe et passe et passe et tellement de choses ont changé". Mais peu de choses ont changé dans la façon de vivre à 30 ans et des poussières (balayées sous le tapis). José a quitté la France à mon âge, études, femme et enfants en poche, pour mourir aux toilettes quatre ans plus tard, emportant avec lui une belle situation, et laissant veuve et enfants.
Quant à moi je reviens en France à l'âge de José, dans la poche de ma femme, pour partir, Dieu sait quand, à l'endroit du monde que nous ne connaissons pas mais où il y aura du travail et des photos qu'on pourrait prendre mais qu'on ne prendra pas. Au pays les garçons de ma promotion veulent avoir des gros ventres pour ressembler à leurs femmes, et peser sur leurs maîtresses et les sièges en skaï aux soirées viande.

Je m'en vais tellement loin que le temps me semble aussi long que le chemin qu'il reste à parcourir. Je ne sais pas pourquoi je vais: mais pourquoi pas? Et puis la Terre est ronde.
(Le ciel est bleu alors je ne peux pas l'atteindre).

Le chemin est-il long ou juste un fossé qui se creuse? Je ne sais pas si j'avance ou si d'anciens amis s'enfoncent, eux qui servaient de repère, pendant que je surnage. Le passé les avale pendant que leurs enfants prennent possession du monde. Toutes les nuits quand je rentre, je pense à mes parents. Et puis j'écrase ma cigarette.

vendredi 22 octobre 2010

C'est vendredi et je suis comme Jésus au temple: en train de virer les marchands, les marchands qui rient parce que la fin est proche mais Jésus ne connaît rien au commerce (ce fils de charpentier, quel métier de gigolos qui refabriquent les faux-meubles des vieilles!) Amen.
Ici Jésus est tellement has-been qu'il ressemble à une discussion sur la peinture pré-raphaëiite. So passééééé... Tellement passé que les cons ne se rendent m^me pas compte quand ils tendent l'autre joue, que je cueille, moi, comme un fruit mûr: en force sans violence.
Où je me rends compte que je suis assez bien élevé pour ne jamais envisager d'être le premier à partir du travail. Oay, borizano!. Tout en expliquant à celui que je condescends que c'est "professionnel". Que le vélo c'est mal, étant noble, en certaiens confitions gastriques, à expliquer que latexture des cheveux dépend beaucoup de la pilosité du facteur. A faire bouffer de la demi-merde à des "critiques".

Demain menu de merde. Je pourrais aussi bien chier dans la salzfe.
Et à un moment même toi, bitchass, tu seras obligée d'essayer de vendre ton histoire, ton histoire périmée qui pue du cul, ton histoire que tu aurais dû raconter dans un escalier plus indulgent. Mais tu finis là, dans le vide, à raconter ta vie comme une épave, trop tard parce qu'aujourd'hui c'est redevenu comme tous les jours. Aujourd'hui ce n'est plus la fête et tu nous emmerdes. Ferme ta gueule avec ton histoire à la con, pauv'conne, ta maman qui suce bien. On les connaït tes parents, cette bande de putes. On leur doit même de l'argent.

So what?

Le gros cul du chef ne mérite pas de détails. Il paraît que c'est la vie, même quand j'essaie de ne pas la laisser entrer par ma bouche. Peut-être que j'ai accordé trop de crédit au mythe du mâle alpha.

Je n'ai peut-être pas accordé assez de crédit au mythe du mâle alpha. Le mâle alpha n'est que le premier mort parmi les suicidés.

Vous m'excuserez, c'était quand même difficile de ne pas croire cette bande de cons. " Con", comme on dit. Dès aujourd'hui, je les laisse mourir seuls, with a little help from my hands.

samedi 16 octobre 2010

O verve chenue des radoteurs, tu n'es qu'un ancien combattant qui mendie sa cotise. Et comme ça les sales cons se transforment en Santa quand tous les témoins de leurs méfaits sont enfin morts et enterrés. Il faudra bien qu'un jour on interdise la barbe. Il faudra bien qu'un jour je n'aie plus à pardonner. C'est en bonne voie. Nous étions mille et cents et il n'en reste que, je ne sais plus, nous dirons quelques-uns. Ou des moitiés (ceux qui sentaient pas bon).

"Et s'il n'en reste qu'un, je lui souhaite bonne chance".

Il y avait la lumière bleue, les guitares cheap, ne manquaient que deux ou trois uniformes et un "Bonsoir, Chérie". République bananière dans le trou du cul du monde. Je parlais de piazza avant de finir à l'arrière du fourgon comme pour tatouer de vérité toutes mes hâbleries passées, celles d'un bad boy de 50 kilos qui vous parle trois langues, dont deux sur le clitoris, monsieur l'agent, hommages à votre épouse. C'était pas cher payé pour trois heures de sommeil. Mon avocat ne répondait pas, il faut dire que je ne l'avais même pas appelé. Il faut vous dire aussi, Monsieur, que chez ces gens-là on en a bu d'autres. On a vécu comme on ne vit plus, avec panache, pour ne pas dire ganache, et autres sucreries. Ha la la, ma bonne dame, je vous parle d'un temps... Je ne vous dis que ça!

vendredi 15 octobre 2010

La nuit je mens

Je n'ai plus pitié de moi, j'ai arrêté, et depuis ce jour je vais mieux. Oui, nous allons. Ah oué tu vas là-bas en fait je m'en bats les couilles tu vas te manger j'en reviens mais je ne te le dis pas parce que tu t'en fous aussi? Lol. Quand nous nous disons aurevoir, entre "frères", nous nous souhaitons "bonne chance", avec un sourire en coin, qui veut dire que sans moi tu es mort, et que sans toi je suis mort. Et mon sourire représente notre rapport fantasmé à la mort. Dont on se fout ensemble, delusional.

samedi 9 octobre 2010

The penitentiary is on fire
and the inmate's running the asylum
but he's running slow.

vendredi 8 octobre 2010

Neun und neunzig luftballons

Ignorants en vessies et en lanternes, confondus avec des rognons et des LEDs, j'en profite pour affûter, à 15° sur le fusil, mon profil en biseau, pour trancher à coups précis dans le bout de gras, celui qu'on taille à la taille (ô verve drue des barbes roussies aux bivouacs) des demi-déesses qui valent une pinte à deux.
On le dira au microphone qu'il fut, tour à tour, et survolant ses antécédents (caca- pipi, papa-maman, quel ennui): homme, et chien de pleines lunes.
Oyez, gentes, puisque gens fuyates comme queues entrejambées. Oyez l'oraison d'un homme.
Tout commença par la danse, bien avant le Verbe. Bien avant la dialectique il y eut la syncope, et bien avant la syncope il y eut l'eurodance.
Au quart-d'ère de fonte des glaciers ancillaires succcédèrent les temps anciens de Glen Medeiros, les premières amphores qu'on tenait par les anses. Et puis les premières tasses qui finirent en P. Quelques manuscrits subsistent au fond des tiroirs, parfumés de bouteilles entières de "Démon", qui continuent de nous dire : "Je t'aimerais (sic) toujours" un soir de 1999.

Prana Bindu.

Mon tablier, maculé du sang vaincu d'un chocolat en pistoles, que j'ai battu jusqu'à la mousse, drape des reflets d'écran de télévision (je suis dans la cour, et je regarde TF1 par la fenêtre des habitants du rez-de-chaussée, peintres/sculpteurs/mon cul lol) mon corps tout en peau et en os, tête levée. Je fume. Je suis, dans toute ma gloire, un commis de cuisine qui prend sa pause. Escoffier fumait-il? Escoffier est-il de droite?
[Insérer ici le regard qui s'échappe vers le ciel couché sur les 5 étages réglementaires de Paris, une musique exotique -pero mira como beben los peces en el rio- et quelques évocations d'impasses cinématographiques).

Agua de rosas
Dame de beber ahhh ahhh
Que esta tristeza
Acabe de una vez ahhh ahh
h

jeudi 30 septembre 2010

Frangipanier, tombe en spirales.

La poésie était pour elle le parfum des frangipaniers dans des maisons dans lesquelles je me souviens, moi, de l'odeur de la mort, dont elle ne parlera pas volontiers, elle qui préfère évoquer la chair vive voire vibrante, les courbes des violoncelles: mais moi c'est chair décomposée et couronnes de fleurs et pots d'échappement des visiteurs, selon la cylindrée, et les animaux que j'ai tués moi-même, aussi. Vapeurs d'alcool et de café quand l'heure avance, ivresses et démentis dans l'haleine des hommes, dans les pleurs des femmes, mensonges ou vérités passagères, celles de mon frère niant ses larmes parce qu'il croyait pouvoir/devoir, celles des serments à la galerie...

Je suis le troisième-né, dernier-né, cela veut-il dire qu'on m'a fait pour les enterrer tous? Vous savez, pour combler les trous? Comme je suis malin j'ai adopté des petits frères, et je leur ai imposé mes conditions. Et je suis prêt à enterrer tout le monde, with a little help from my friends.

Es acabo.

Ha?

Message personnel.

On parle et on chante les vilains maris, surtout quand on fait la cour pour le chiffre d'affaire des hôtels payés à l'heure. On chante les salopes quand on tient une tondeuse avec un chewing-gum en guise de capote qui pardonne toutes les conneries passées. "Moi je" tiens ma bière, bien soucieux de mon positionnement, bien attentif à ma place dans l'histoire, et dans le métro, à ma petite vie qui sert de mortier à la grande, celle avec des hautes cloques qui libèrent les villes violées et humiliées mais, hahaha, libérées, celles qui distribuent des "journaux" gratuits tous les matins à l'entrée du réseau souterrain pour la masse d'esclaves vaincus dont je prétends ne pas être encore, surtout quand sur mon trajet deux lambdas argutient sur "Le Parti", quel qu'il soit, et j'ai pitié, bande d'occidentaux sans crises, sans visas, sans coups feux sauf de service, sans déménagements, bande de postiers sans exil, navigateurs à vélos en train de compter leurs kilomètres syndiqués et se sentant bien dans leur effort en raison de la Bettencourt et qui croient comprendre le prolétariat, eux qui se foutent du tiers-monde dont je suis la crème et dont je suis la lie, moi immigré roi là-bas, roi ici, roi partout mais eux, petis joueurs: show me what you got or shut the fuck up, I would pimp your ass if only I was interested in money... Non, en fait ce soir je m'en fous, ou du moins j'essaie, moi ce soir je me soûle. Même les rappeurs connaissent "L'Asssommoir d'Emile Zola", cf AfroJazz dans "Glou Glou Play". Et je suis un rappeur, encore, malgré la maigreur, malgré la légalité, malgré Tom Waits. Des rimes, alors. (Raclement de gorge, scratches du DJ).

Ladies and gents
Grands and cents
Was not meaning to
Define us by the shit we get into
To obtain it
Dat wet mind on a dry planet
Let's make it short I'll say:
Our young lives against an old death
Are a peppermint on a corpse's breath
Bitch you're even feeling alive watching "6 feet under"
Well I'm aware of your every blunder
And I'm aware of myself and aware
of each an every penny I spare

J'ai vieilli, pour sûr. Je traîne ma patte folle dans les couloirs du métro, où je m'endors. Je pisse encore, parfois, où je peux, mais c'est aujourd'hui par fatigue et non plus par défi. La check-list de mes fantasmes à assouvir est , depuis quelques temps déjà, intriquée dans la list des tâches que j'ai oubliées au coup de feu de la semaine dernière

Whenever I'm humming "I swear"

samedi 3 juillet 2010

Quand nous montrons les dents je ne sais plus si je dois le prendre en tant qu'humain ou en tant que chien. J'ai trop bu et le bar ressemble à un tuning show. Un glaçon sur la nuque avant de partir. Ce serait bien. Le soleil de midi me brûle les pieds et me réveille. Il reste une bière dans le frigo. Ok, zveck.

dimanche 27 juin 2010

La piazza estivale. Nous évoquons l'entrée nue dans l'arène, comme une mise en scène du dépouillement. Mais je n'ai jamais vu de piazza et nous parlons plutôt de la surface, comme on le dit mieux en anglais : the outfit. Et après sous les vêtements la peau que j'imaginais nue, en t'écoutant à moitié. Je ne sais pas de quoi d'autre parler. Je pourrais m'étayer d'un prétexte de mot-clé journalier. Je ne parle jamais de littérature, non plus.

La peau nue qu'on déchire à pleines dents pour que la vérité cuise au soleil, c'était ce relent de viande qui berçait mes veillées. Mais la toile crevée des tentes ne fait que rendre le vide au vide. Or le vide, moi j'aurais voulu pouvoir le toucher, je sais, c'est bête. La nuit venue nous nous sommes affairés à combler tes orifices. Çà vaut ce que çà vaut, comme dit madame Michu.