jeudi 28 octobre 2010

Les bourgeois, c'est comme des cochons.

Je rentre tard chaque nuit et marchant sur le même trottoir qui dure une cigarette entre le métro et la porte je pense à mes parents.

Une chanson de ma jeunesse répétait "le temps passe et passe et passe et tellement de choses ont changé". Mais peu de choses ont changé dans la façon de vivre à 30 ans et des poussières (balayées sous le tapis). José a quitté la France à mon âge, études, femme et enfants en poche, pour mourir aux toilettes quatre ans plus tard, emportant avec lui une belle situation, et laissant veuve et enfants.
Quant à moi je reviens en France à l'âge de José, dans la poche de ma femme, pour partir, Dieu sait quand, à l'endroit du monde que nous ne connaissons pas mais où il y aura du travail et des photos qu'on pourrait prendre mais qu'on ne prendra pas. Au pays les garçons de ma promotion veulent avoir des gros ventres pour ressembler à leurs femmes, et peser sur leurs maîtresses et les sièges en skaï aux soirées viande.

Je m'en vais tellement loin que le temps me semble aussi long que le chemin qu'il reste à parcourir. Je ne sais pas pourquoi je vais: mais pourquoi pas? Et puis la Terre est ronde.
(Le ciel est bleu alors je ne peux pas l'atteindre).

Le chemin est-il long ou juste un fossé qui se creuse? Je ne sais pas si j'avance ou si d'anciens amis s'enfoncent, eux qui servaient de repère, pendant que je surnage. Le passé les avale pendant que leurs enfants prennent possession du monde. Toutes les nuits quand je rentre, je pense à mes parents. Et puis j'écrase ma cigarette.